18e Rencontres cinématographiques de la Seine-Saint-Denis, 9>18 nov 2007
18e Rencontres cinématographiques de la Seine-Saint-Denis
• du 9 au 18 novembre 2007
dans 16 cinémas publics de la Seine-Saint-Denis
avec Jerry Schatzberg, Marianne Faithfull, Michel Polac,
Jacques Nolot, Pierre Rissient…
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Les 18e Rencontres cinématographiques de la Seine-Saint-Denis se sont déroulées du vendredi 9 au dimanche 18 novembre 2007 dans seize cinémas publics du département.
Photographe et cinéaste américain, Jerry Schatzberg était l’invité d’honneur de la manifestation, avec au programme, outre la redécouverte de ses films, une master class et de nombreuses rencontres avec le public et les écoliers, alors que deux de ses longs métrages ressortaient sur les écrans français : Panique à Needle Park et L’Epouvantail.
De Made in Usa (Jean-Luc Godard, 1966) à Irina Palm (Sam Gabarsky, 2007), l’icône Marianne Faithfull a mené, parallèlement à celle de chanteuse, une carrière de comédienne qui a été ici racontée en sept films et une rencontre (le 17 novembre).
Bien que son premier long métrage, Un fils unique, ait été couronné en 1969 par le prix Georges-Sadoul, la renommée de romancier, critique littéraire et bretteur télévisuel (“Droit de réponse”) de Michel Polac a pu - injustement - éclipser son œuvre de cinéaste. On a pu la redécouvrir en Seine-Saint-Denis, en une dizaine de films et à l’occasion de plusieurs débats en sa présence.
Il est considéré comme l’un des plus grands découvreurs de talents du cinéma contemporain : Pierre Rissient était également présent lors de ces Rencontres, avec un des deux films qu’il a réalisés (Cinq et la peau, 1982) et un documentaire américain dont il est le sujet.
D’autres parcours encore furent proposés, tel celui de l’acteur et réalisateur Jacques Nolot, dont le dernier film, Avant que j’oublie, est actuellement sur les écrans, et même un voyage en bus à la découverte des richesses cinématographiques du département, en compagnie d’un conférencier (10 novembre).
Un trio de jazz a accompagné deux films de Ernst Lubitsch (La princesse aux huitres, 1919 et La chatte des montagnes, 1921) pour un ciné-concert exceptionnel (16, 17 et 18 novembre), et le jeune public ne fut pas oublié, qui était convié à une ciné-conférence intitulée “Grands méchants, seconds couteaux et quelques vauriens” qui a tenu toutes ses promesses, à un atelier de bruitage et, pour les tout-petits, à savourer un programme spécial de films d’animation.
Ces Rencontres sont organisées chaque automne par l’association Cinémas 93, grâce au soutien du Conseil général de la Seine-Saint-Denis, et en partenariat avec les cinémas publics du département.
CINEMAS 93
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Coordinateur des activités pédagogiques, intervenant Collège au Cinéma
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Marianne Faithfull
La Puritaine
Un jus de Cranberry, une camomille et de l’eau, s’il vous plaît. “Cranberry”, c’est de la canneberge. Mais on ne dit pas “canneberge” dans les palaces. Le 4 avril 2007, Marianne Faithfull s’installe pour deux jours sous les ors de la suite du Duc de Crillon, l’ancienne chapelle de l’hôtel du même nom. Deux jours de “promo” pour la presse française et quelques journalistes européens. Vingt-cinq entretiens, vingt-cinq prises de risques. La presse n’est pas ce que Marianne Faithfull porte le plus dans son cœur. Dès ses premières tournées en 1965, elle a découvert que monter sur scène chaque soir n’était pas la seule épreuve que son nouveau métier lui infligerait : chaque jour apporterait son lot de questions embarrassantes, toujours personnelles, toujours les mêmes. Oui, une épreuve. Plus tard, quand le vent tournerait pour toutes les jeunes vedettes du rock, la presse anglaise lui ferait tous les procès et la traînerait, elle en particulier, dans la boue.
Mais ne nous sommes pas au Crillon pour parler des Sixties ni de sexe ni de drogue ni de rock’n’roll. Nous sommes ici pour parler à des journalistes de cinéma. Marianne Faithfull vient d’enthousiasmer le festival de Berlin dans Irina Palm. Le film sort quelques semaines plus tard en France. Un chef d’œuvre peut-être pas, mais un grand rôle. Et Marianne Faithfull l’attendait, ce rendez-vous-là, sans cesse reporté au fil des ans. Elle en est fière, elle veut le défendre. Le rock et les Sixties et le reste tenteront inévitablement de s’inviter dans les conversations. On les tiendra fermement à l’écart.
Le premier journaliste, venu pour l’Express, est si souriant et si charmeur que Marianne s’amuse. “Je n’ai jamais ressenti le besoin de tourner des films. Ma carrière d’actrice a été très chaotique. Pourtant, j’adore jouer, j’aime devenir quelqu’un d’autre. Être Marianne Faithfull, à la longue, c’est d’un pénible !” Derrière la porte, dans l’antichambre des attachés de presse où patientent les candidats suivants, tout le monde souffle un grand coup. Marianne serait difficile, Marianne serait d’humeur changeante. Elle est arrivée rayonnante, sereine, délicate et attentionnée. Le Figaro Magazine, sous le titre “Noblesse oblige”, notera : “Un mélange inédit d’aristocratie naturelle et de simplicité rock’n’roll.”
A treize ans, à Reading, l’enfant typique de son époque, l’adolescente parmi tant d’autres, la provinciale avide de choses interdites, solitaire mais curieuse, rêve-t-elle de musique ? Pas spécialement. Elle s’inscrit dans une troupe de comédiens amateurs. Ce n’est pas un passe-temps, c’est toute sa vie. Sa mère a toujours su qu’elle serait artiste. Vanessa Redgrave vient un soir donner une conférence. Elle parle du théâtre, de ses parents, de sa vie. Elle a vingt-deux ans. Marianne la trouve très mûre… Au Crillon, un jeune intervieweur l’interroge alors sur ses débuts d’actrice “dans la série télé Hullabaloo”, en 1965. Marianne fait mine de ne pas comprendre. La série dont il parle n’est qu’une émission de variétés — encore un qui s’est fait piéger par les biographies sur Internet. Elle y chantait As Tears Go By, elle devenait célèbre, elle avait 17 ans. Ce sont ces caméras de télévision qui les premières ont fixé son visage réservé. Venue à Paris pour chanter à l’Olympia en première partie d’Hugues Auffray, Jean-Luc Godard lui fait savoir qu’il la voudrait dans son nouveau film, Made in USA. Marianne vénère Godard. Sa mère l’emmenait déjà voir les films de Corman ou Les Enfants du Paradis. Seule, elle a découvert Truffaut, Fellini, Antonioni. L’Avventura reste un de ses films préférés. Le tournage de Made in USA est pour elle aussi court que délicieux, Godard ayant su se faire très doux car la caméra terrifie la jeune vedette. Mais savoir que Godard l’a voulue, désirée, et qu’il est satisfait du résultat suffit à la combler. L’apparition de Marianne Faithfull dans Made in USA, la révélation de son visage et de sa voix au cinéma, laisse une impression forte, solennelle, un souvenir durable. “Dis-moi quelque chose”, lance-t-elle d’abord en français, assise dans un café. “J’en ai marre !” lui rétorque son compagnon en claquant son journal et en quittant la table. On entend un train passer, de la circulation. Ainsi éconduite, elle se met alors à chanter, a capella. C’est As Tears Go By. C’est magnifique. Anna Karina, Laszlo Szabo et Jean-Pierre Léaud l’écoutent, depuis le bar. La Nouvelle Vague est témoin. 1966 : Marianne Faithfull entre en cinéma.
Le 13 janvier 1967 à 21 heures 40, coup de tonnerre sur la première chaîne de la télévision française. Premier téléfilm en couleurs produit par l’ORTF, Anna est une comédie musicale peu académique réalisée par Pierre Koralnik avec Anna Karina et Jean-Claude Brialy. La musique et les chansons sont de Serge Gainsbourg, les arrangements de Michel Colombier. Sous le soleil exactement va très vite devenir un immense succès. Marianne Faithfull est là elle aussi, pour chanter : “Hier ou demain je t’aurais dis oui / Hier ou demain mais pas aujourd’hui”. Le disque se vend très bien mais, au lendemain du fameux 13 janvier, le film est invisible… Il ne sortira jamais en salles et deviendra l’objet d’un culte. Marianne Faithfull et ses fans journalistes semblent aujourd’hui l’avoir complètement oublié.
Dans ces deux apparitions fondatrices, c’est depuis la musique que Marianne Faithfull aborde le cinéma. Le cinéma peut-il lui permettre les audaces et les excès du rock’n’roll ? Justement, un nouveau journaliste, fan érudit particulièrement épris, tente frontalement pour son hebdomadaire de la faire parler de sa légende de rockeuse ex-junkie, de son refus d’autoriser que les moments les plus sombres de sa vie soient portés à l’écran, du cancer… Dans la suite du Duc de Crillon, l’ambiance s’assombrit. Là-dessus, Marianne a tout dit. No comment. “Voyez le livre !”, lance-t-elle. L’interview titube, glaciale. Le malaise s’installe. On attend la fin.
Le théâtre. En 1967, à Londres, devenue la petite amie de Mick Jagger, Marianne Faithfull peut enfin se permettre de jouer “pour 18 livres par semaine sans inquiétude”. Elle est Irina dans Les Trois Sœurs au Royal Court, avec Avril Elgar et Glenda Jackson. C’est par son agent, l’influent Robin Fox, qu’elle a décroché le rôle. Lors d’une réception organisée par Dirk Bogarde, Marianne, plus habituée au monde des musiciens, s’étonne de ce monde guindé. “On aurait pu croire qu’un tel rassemblement de comédiens pétillerait de réparties spirituelles, d’anecdotes piquantes. Mais on oublie trop facilement que ces gens sont des acteurs, les pauvres chéris !, et qu’ils ne ressemblent pas aux personnages qu’ils incarnent.” Et le cinéma ? Performance, le film de Nicolas Roeg que tourne Mick Jagger, semble avoir beaucoup plus de résonances et d’importance pour elle que ceux dans lesquels elle se risque elle-même. Elle écrit : “Cette année-là, j’ai tourné dans deux très mauvais films.”
Un second rôle, pour commencer. Qu’arrivera-t-il après ? (I’ll Never Forget What’s is Name) avec Oliver Reed et Orson Welles, est le portrait d’un jeune publicitaire à succès qui plaque sa femme, ses deux maîtresses et son emploi pour retrouver sa première passion : écrire dans une revue littéraire. Produit et réalisé par Michael Winner, le film est bien dans le ton de l’époque et de l’auteur, entre cynisme et psychédélisme. Marianne Faithfull joue la jeune maîtresse avec une certaine grâce mais bien moins de gravité que chez Godard. C’est à elle que revient l’honneur de prononcer le mot “fuck” pour la première fois dans un film anglais.
La Motocyclette (The Girl on a Motorbike) est une autre paire de manches. Et un grand malentendu. “Un film un peu porno”, écrira Marianne, refusant longtemps de le voir. Coproduction franco-anglaise, c’est l’adaptation par le grand directeur de la photographie Jack Cardiff d’un roman érotique d’André Pieyre de Mandiargues. Cardiff, pour lequel Marianne a beaucoup d’estime, fait d’elle une véritable héroïne. Elle sera de tous les plans, et il y en a beaucoup, tous très inventifs techniquement, très photographiés, un vrai film de chef-op. Fuyant le lit conjugal dans sa combinaison de cuir, fonçant à travers les routes d’Alsace sur sa Norton Atlas vers Heidelberg où elle doit retrouver son amant Alain Delon, Marianne devise gaiement, tristement, avant de trouver la mort dans un accident. Le personnage est spontané, fantasque, touchant. Elle le propulse au-delà de la série-B hallucinogène, loin de tout ridicule daté. Mais sur le tournage Marianne se sent vite dépassée, perdue pendant trois mois dans un projet qui doit faire d’elle une vedette mais qu’elle finit par détester. “J’avais 19 ans, j’étais inconsciente.” En fait, elle n’a jamais lu le scénario, elle ne joue qu’à l’instinct. Alain Delon, qui a accepté son rôle à la demande pressante de Cardiff et contre l’assurance que ses scènes seront bouclées en deux semaines, tente immédiatement de la séduire. Elle le trouve terriblement prétentieux. Comme elle le repousse, il commence à se montrer difficile. Et lorsqu’il doit lui dire devant la caméra “Ton corps est tel un violon dans son étui de velours” tout en faisant glisser, avec les dents, la fermeture éclair de sa combinaison en cuir, elle éclate systématiquement de rire. Devant le film, on comprend la crise de rigolade. Mutilé et rebaptisé aux USA Naked under Leather, le film obtient à travers le monde le succès de scandale auquel ses producteurs le destinaient sans doute… A un journaliste enthousiasmé par La Motocyclette et désireux de réhabiliter l’œuvre en dehors du ghetto érotico-kitsch, Marianne Faithfull admet finalement, coquette, l’avoir découvert bien des années plus tard en Inde, dans une version tronquée doublée en hindi… “Malgré les apparences, je suis très puritaine.”
A cette époque, elle éprouve peut-être les sentiments qu’elle prête à Mick Jagger quand il découvre lui-même le cinéma : “Mick trouvait le mécanisme du tournage extrêmement déconcertant. C’était nettement plus épuisant que de jouer dans un groupe de rock’n’roll. L’aspect répétitif, les prises innombrables, ces répliques dans le vide : Mick était déboussolé !” Pour une habituée de la scène et du public des concerts, les répliques de cinéma ne sont jamais que des répliques dans le vide. Et la caméra, une froide machine.
Tony Richardson, qui a remarqué Marianne dans Les Trois Sœurs, lui propose de jouer Ophélie dans le Hamlet qu’il met en scène au Théâtre en Rond. La première aura lieu en mars 69. De Richardson, Marianne retient une personnalité machiavélique. “Il était méchant, sarcastique et sans pitié : le type même du metteur en scène. Il me dirigeait très peu. Il me laissait déambuler sur scène et vibrer – il m’a aussi pas mal manipulée. Les metteurs en scène sont prêts à tout pour obtenir de vous les réactions qu’ils recherchent. Peu importe les conséquences sur la vie des comédiens. J’ai compris à un moment que mon aventure avec Nicol Williamson [qui joue Hamlet, NDR] avait été arrangée par Tony.” Quelle que soit la personnalité de Tony Richardson ou celle des metteurs en scène en général, force est de constater l’éclatante réussite de la version cinématographique qui sort en septembre 69 à Londres, puis en décembre à New York. Partant d’une scénographie réduite, Richardson fait preuve au découpage et au montage d’une invention et d’une fluidité dont, plus tard, les captations de Shakespeare par la BBC avec leurs lourds extérieurs manqueront cruellement. Anthony Hopkins, en Claudius, crève l’écran. Et Faithfull, lumineuse, offre sa présence moderne à ce rôle d’adolescente : elle ne maîtrise pas totalement la rythmique du texte, ce pentamètre ïambique qu’interprète toute la troupe à la perfection, mais sa vaillance d’autodidacte sait donner à sa voix le ton juste. Singulière, moderne, lumineuse, l’adolescente shakespearienne n’en est pas moins suicidaire. Le rôle finit par plonger Marianne dans un état d’esprit morbide. Elle plonge de plus en plus dans la drogue. Richardson propose à Mick Jagger le rôle principal de son prochain film qu’il tournera en Australie, Ned Kelly, et à Marianne celui de sa sœur. Brian Jones, des Rolling Stones, meurt noyé dans sa piscine. Marianne arrive à Sydney complètement défoncée. Elle tombe dans le coma pendant six jours. Elle ne jouera pas dans Ned Kelly.
Les années 70. Quelques apparitions télévisées. Des adaptations de Strinberg et de Somerset Maugham. L’épisode Kenneth Anger (Lucifer Rising, 1972) ne va pas améliorer l’opinion qu’a Marianne Faithfull des metteurs en scène. Les obsessions du cinéaste (la magie noire, l’ancienne Egypte) lui sont tout à fait étrangères. Elle-même est au pic de sa dépendance à la drogue. Elle dit ne plus avoir eu conscience du ridicule… Là encore, elle n’y croit plus. Les années suivantes, malgré une belle collaboration avec Derek Jarman autour de l’album Broken English de 1979, rien ne semble, à l’écran, correspondre à son retour sur le devant de la scène musicale. “Les mauvaises expériences m’ont complètement défaite de mon envie de tourner et m’ont éloignée du cinéma. C’est la raison pour laquelle je ne suis véritablement revenue aux plateaux de tournage qu’avec Intimité (2001) de Patrice Chéreau, qui a su me redonner l’amour du cinéma et confiance dans le réalisateur et sa caméra.”
Tout semble ici avoir été une question de circulation de désir. Chez Faithfull, l’envie de faire du cinéma ne s’était probablement jamais éteinte. Il lui fallait seulement être désirée. La fantastique machinerie Chéreau, qui n’est ni moins manipulatrice ni moins perverse pour les acteurs que d’autres, fonctionne justement au désir. Et il a écrit le rôle spécialement pour elle. La rencontre réanime la comédienne qui sommeillait en Faithfull. “J’ai pu recommencer à m’aimer vraiment”, dit-elle, une phrase qui évoque le moment où elle s’est sortie de la drogue. “Lui seul a su m’apprendre que la caméra pouvait être mon alliée. D’une certaine manière, si aujourd’hui je suis de nouveau actrice, je le lui dois. Grâce à lui, je me suis souvenue que j’aimais jouer.” Effectivement, la Betty d’Intimité, cette femme qui brûle d’une sensualité explosive sous le voile d’une apparence grise, est la préfiguration de la Maggie d’Irina Palm. Chéreau utilise parfaitement le retour de Faithfull, mais la comédienne semble encore timide, sous surveillance. Après une suite de collaborations prestigieuses, amusantes ou tout simplement flatteuses (un spectacle mis en scène par Bob Wilson, quelques apparitions dans la série Absolutely Fabulous, deux rôles brefs en 2006, dans Marie-Antoinette de Sofia Coppola et dans Paris, je t’aime devant la caméra de Gus Van Sant), Marianne Faithfull est en pleine possession de ses moyens. “Un retour sur grand écran très hype”, concède-t-elle. Donc parfaitement logique.
Puritaine, alors ? C’est la dernière interview. “Oui, quand je me retrouve dans un local à astiquer des godemichés, je n’ai aucun mal à jouer le dégoût. De ma vie je n’ai jamais passé la porte d’un sex-shop ou d’un club libertin. Ni vu un seul film porno.” Il n’y a vraiment pas de quoi se vanter, comme le lui rétorquera l’amoureux article de Libération : “Mais avoir juste un peu vécu suffit ici à donner à Marianne Faithfull une certaine classe en toutes circonstances.” Elle continue : “En tournée, la solitude était affreuse. Aujourd’hui je ne peux pas m’imaginer sans cette vie de musicienne. J’avais peur du cinéma, et maintenant j’aime les tournages, ce sont de véritables familles. Je suis une actrice, vous savez ! Je ne dois pas m’inquiéter de mon apparence, de ma vanité ou de l’image que je vais renvoyer.” Le dernier journaliste : “Votre performance d’actrice est stupéfiante. Vous dégagez une impression de grande facilité…” Marianne Faithfull : “Ça fait partie du job, non ? Il faut que ça ait l’air facile, même si ce n’est pas le cas.”
Harold Manning, pour les Rencontres cinématographiques de la Seine-Saint-Denis